Curator mon nouvel ami(e) …

(CC) par Alain Bachellier
(CC) par Alain Bachellier (cliquez sur la photo)

Depuis quelques mois, le terme de « curator » émerge de beaucoup de conversation sur l’avenir proche de l’Internet et du fameux « 2.0 ». Cette nouvelle bête n’est pas simple à définir et, à l’heure où on commence juste à comprendre ce que peut être un « community manager », il va falloir se remettre au travail ! En préparation du StratégieCamp du 12 février prochain, je vous propose ma propre vision du « truc » en comptant sur votre aide pour aller plus loin. Attention cependant, si vous cherchez des réponses, vous risquez d’être déçus et d’y trouver plutôt des questions !

C’est quoi un curator ou plutôt un « Content Curator »?

Autant vous prévenir tout de suite, il n’y a pas de réponse unique à cette question 😉 Si on parcourt les différentes discussions, on arrive à deux fonctions du curator. Tout d’abord, il doit filtrer de l’information. C’est la fonction la plus claire et qui correspond à un besoin exprimé depuis déjà quelques années. « On trouve tout sur Internet », cela n’a jamais été aussi vrai qu’aujourd’hui. Les méthodes de recherche automatique (moteur de recherche) sont de moins en moins pertinentes dans notre monde où la bonne information doit arriver rapidement. Nous sommes donc tentés de revenir à la base et de demander à des personnes de faire les filtres. « La curation, elle, réinjecte de l’humain dans le Web. » comme le précise le fondateur de scoop.it, Guillaume Decugis. Le curator devra donc se choisir un domaine où il possède une capacité à filter l’information.

Un bon résumé de cette fonction est donné par Rohit Bhargava : « Un “Content Curator” est quelqu’un qui continuellement trouve, regroupe, organise et partage le contenu en ligne le meilleur et le plus pertinent sur un sujet spécifique » (source Techcrunch.fr). Pour reprendre la comparaison avec un journal, le curator est une sorte de rédac’chef qui pioche ici ou là le matériel sur son sujet.

La seconde fonction du Curator est moins présente dans les articles mais semble aussi importante « à long terme », il s’agit de la conservation de l’information.  On s’approche de la fonction de documentaliste puisqu’il s’agit de rendre pérenne l’accès à des ressources. On est aussi dans le champ d’action du veilleur. Je vous conseille cet excellent article de CaddEreputation sur la comparaison curator/veilleur. Je m’interroge encore sur cette fonction …

Pour une traduction du terme, il y a une discussion en ce moment sur Quora 🙂

Actif ou passif ?

C’est dans cette dimension que le curator se distingue le plus du veilleur à mon avis. Ce dernier récolte de l’information, la met en forme et la diffuse dans une optique d’action ou du moins d’aide à la décision. Au niveau des entreprises, mieux vaut alors rester discret …

Le curator doit, lui, être connu et reconnu pour se poser en référence dans son domaine. On glisse rapidement vers la e-réputation et donc forcément l’influence … et on se rapproche du Community Manager ! Le curator va qualifier publiquement l’information qu’il transmet et en déterminer sa valeur (pour lui). Par cette action, il va donc modifier l’environnement de cette information. Pour donner un exemple, si un ou des pontes du web 2.0 disent qu’un certain outil de discussion est « méga hype » … ben il va devenir un sujet de discussion important du domaine (non je n’ai pas prononcé le nom de Quora …)

Bref, vous l’avez compris, je n’imagine pas un curator comme passif. Le simple fait de transmettre l’information modifie son environnement.  Pour les physiciens en puissance c’est très semblable à l’influence de la mesure sur l’objet mesuré, mais c’est une autre histoire …

Alors le curator, une nouvelle invention du marketing ?

Comme le dit Anthony Poncier sur son blog, la réponse est entre oui et non 🙂 Nous en avons tous un peu marre des anglicismes qui permettent à certaines personnes de se faire passer pour des experts juste par qu’ils arrivent à placer dans la même phrase « community manager », « Web 2.0 » et « social shopping » … Mais bon il me semble clair que l’interrogation actuelle sur le curator exprime un besoin sur la compréhension du « participatif » en entreprise. Comme il est souvent dit, le temps du web n’est pas celui de l’entreprise.

Peut être que nous n’avons pas affaire à un métier à par entière mais à une fonction particulière qui va se greffer à tous les métiers de l’entreprise. Cette « greffe » va, petit à petit, faire émerger cette entreprise 2.0 dont nous parlons depuis quelques années déjà. Avons-nous là un moyen de valoriser ces actions de partage ?

Les outils des curator

Il existe plusieurs outils très récents qui se positionnent sur le domaine de la curation d’informations. Je vous laisse en découvrir la liste sur cet article de caddereputation. A titre personnel,  j’utilise régulièrement paper.li et scoop.it sur l’économie numérique (ici et ) et sur la réalité augmentée (ici et ).

Mon expérience est encore trop récente pour qualifier les avantages de chacun mais il est clair que leur aspect ergonomique et leur simplicité permettent une utilisation instantanée par les non spécialistes.

Quelques réflexions personnelles et questions pour le 12 février (je compte sur vous !)

  • Le curator est-il un « veilleur light » avec une sorte d’activité à temps partiel sur un sujet donné ? On a dit à un moment qu’à l’heure des réseaux sociaux et du participatif, tout le monde dans l’entreprise devrait devenir un veilleur. Comme la fonction demande, tout de même, quelques compétences particulières, tout le monde va devenir curator ?
  • Si on suit les discussions sur l’événement du web sémantique, on comprend qu’il va permettre en particulier des recherches d’informations « contextualisées ».  Est-ce que cela permettra d’automatiser le rôle de curator ? Ou plutôt de transformer les moteurs de recherche en ACC (Automatic Content Curator) ?
  • Comment savoir si un curator est pertinent sur un sujet ? En entreprise, il est possible de relier les domaines et les missions mais sur Internet, c’est plus compliqué. Faut-il un indice de curation un peu comme Klout mais centré sur un sujet ? Existe-t-il déjà des indicateurs utilisables (le nb de RT sur twitter) ?
  • Si tout le monde devient curator, doit-on imaginer des curator de curator ?
  • Peut-on être un curator à plein temps ? Si oui, sur quoi je base alors notre compétence de filtrage ?
  • Un community manager est-il forcément un curator pour sa propre communauté ?

Rendez-vous le 12 février pour en parler !

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Un commentaire pour “Curator mon nouvel ami(e) …

  1. Quoi de plus sain que d’aborder un sujet nouveau par des questions?

    Chez Pearltrees (je suis en charge du marketing et l’un des cofondateur de Pearltrees) nous traduisons curator par éditeur. En effet, le commissaire d’exposition (art curator) sélectionne, ordonne des oeuvres pour leur donner un sens nouveau. C’est aussi ce que fait le DJ avec les morceaux de musique qu’il mix, le rédacteur en chef avec les articles qu’il édite, le programmateur de salles en choisissant ses spectacles… Tout cela, en théorie des média s’appelle « éditer ». Donc ce n’est pas nouveau, ce qui est nouveau c’est que des services permettent à chacun de le faire très facilement à partir des contenus internet que nous parcourons chaque jour.

    Si tu t’y intéresses je t’engage à participer à la conférence que nous organisons, la région Ile-de-France, Pearltrees, Scoop.it et ReadWriteWebFrance. Le groupe facebook est ici http://www.facebook.com/#!/event.php?eid=148311425222085

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