Avant de replonger dans nos activités quotidiennes et donc, sur ce site, de reprendre les analyses des usages de la réalité augmentée, je vous propose une « petite pause » en compagnie de Mike Rothenberg sur les implications, bonne ou moins bonnes, de la RA et de la RV.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Mike Rothenberg est le « River Accelerator » et de « Rothenberg Ventures« . Il est donc particulièrement bien placé pour parler des développement actuels autour de la réalité augmentée et de la réalité virtuelle. Dans un entretien avec Peter Csathy, il revient sur les avantages et les potentiels inconvénients de ces deux technologies.
« Like all great leaps in technology, there are really powerful things that could be positive or negative. »
L’idée maîtresse de la discussion est que la RA et la RV ne sont pas, simplement, une autre façon de voir les choses. L’immersion qu’elles engendrent est un phénomène complètement nouveau. Pour être simple, elles s’inscrivent plus facilement en nous et peuvent donc laisser des traces importantes. Si de nombreuses applications restent « futiles » et ne sont là que pour nous divertir, d’autres sont déjà utilisées pour aller plus loin. Des thérapies de plus en plus nombreuses existent pour lutter contre les phobies ou pour aider à la rééducation. Mike Rothenberg donne également l’exemple de Deepstreamvr qui construit des environnements virtuels pour réduire la perception de la douleur.
Le coté sombre est l’utilisation de ces mêmes technologies pour engendrer de la peur et/ou du stress. Il est assez simple de comprendre qu’immerger une personne dans une scène de guerre peut avoir des conséquences sur son mental. L’arrivée de cette nouvelle forme de cinéma va donc rendre nécessaire des études d’impact, en particulier chez les plus jeunes. On peut imaginer la même chose pour des campagnes de communication. Je prendrais pour exemple celles de la sécurité routière qui, vécues de l’intérieur, ne doivent pas être de tout repos. Et, comme il est décrit dans l’interview, comment ne pas penser à une manipulation pour servir des buts cachés ? Aujourd’hui où globalement notre méfiance, vis à vis de l’information en général et du numérique en particulier, est assez élevée comment va-t-on garantir un contenu « inoffensif » ?
« The ability to scar people is greater, and researchers will conduct studies to gauge how real those risks are. »
Aujourd’hui nous sommes au tout début de la diffusion en masse de la réalité augmentée (et de la réalité virtuelle), il est bien difficile d’imaginer même à moyen terme les conséquences de cela. On peut esquisser quelques pistes et, d’ailleurs, l’IEEE à façonner les siennes dans un document que je vous conseille de lire. Et comme le rappelle Mike Rothenberg en conclusion, tout reste à faire !
« I think VR in 2015 is like the Internet in 1994 or mobile in 2007. It’s been in the preseason for decades but now it’s in the first inning. There’s still so much exploration to be done ! »
Et vous, comment voyez-vous la diffusion de ces technologies ?
Bonjour Grégory,
C’est sans doute de façon normale la dualité propre à toute technique. Les grecs — et spécialement Platon — l’avaient suggéré dans leur usage du mot « ‘pharmakon », à la fois remède et poison.
Il est intéressant de noter les dangers possibles de l’immersion dans la RV, qui semble correspondre à quelque chose comme un effondrement de la représentation, de la distance. Cela risque de court-circuiter le recul critique.
F.
Merci pour ton commentaire François. J’ai justement discuté de ce point avec des personnes du milieu culturelle car là aussi, la réalité virtuelle (ou augmentée) est en train de bousculer pas mal de choses. La responsabilité de celui qui propose l’expérience est encore peu discuté mais cela risque de changer après les premier incidents.