Quelques bonnes pratiques pour construire une application de réalité augmentée

Construire une application de réalité augmentée est de plus en plus simple. En effet, les outils de création sont aujourd’hui très accessibles pour des coûts très progressifs. C’est évidemment une excellente chose pour la diffusion de cette technologie. Cependant, cela ne supprime pas la nécessité de se poser les bonnes questions avant de se lancer dans la création d’une application. Je vous propose de faire le tour des bonnes pratiques pour la gestion d’un tel projet.

Juste avant de lister les points qui me semblent les plus intéressants, je vous invite à consulter les autres articles qui tournent autours de ce sujet (ici, ici, et ) parce que, oui, j’en parle assez souvent !

La base : une « simple » gestion de projet

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Sans objectif, pas de succès ! (Photo by Kampus Production on Pexels.com)

Même si c’est évidemment, il faut mieux le rappeler, un projet de réalité augmentée est avant tout un projet. Qu’il soit mené en interne ou en externe, il suit donc les bonnes pratiques de la gestion de tous les projets. Vous trouverez des tas de ressources sur les méthodes de gestion de projet sur Internet, inutile de rentrer trop dans les détails ici. Je voudrais juste insister sur deux points fondamentaux.

Un projet a un objectif. Dit comme cela, cela paraît un peu stupide, mais dans beaucoup de projets, en particulier numérique, la définition de l’objectif est pour le moins légère. J’ai écrit tout un article sur la définition des besoins que je vous invite à relire. L’important à retenir est que l’objectif va définir les métriques d’un projet, ou plus simplement les critères de succès. Sans objectif, pas de métrique et sans métrique, pas de succès possible. Attention, « définir un objectif » ce n’est pas « valider un objectif dans une situation donnée, pour une entreprise donnée ». En tant que consultant en RA, je ne peux pas dire à un client qu’un objectif est le bon pour lui, pour son entreprise ou pour l’évolution de son marché. Je peux simplement lui proposer des métriques (ou KPI) qui vont lui permettre de dire, en fin de projet, si l’objectif est réalisé (succès) ou non (échec). Je peux aussi lui dire s’il est cohérent avec les autres éléments du fameux triangle d’or des projets qui nous allons aborder par la suite.

Pour résumer brièvement :

  • En tant qu’utilisateur , vous devez définir un objectif clair au projet. Il vous incombe que celui-ci soit valide pour votre entreprise. Vous devez absolument être honnête avec vous-même à ce stade et c’est parfois assez compliqué dans les organisations ! Pour grossir le trait, on a parfois des objectifs « inavouables » comme : « On fait ce projet pour occuper Michel », « Je dois cramer les 10/100K€ de budget qui me reste », « Je veux faire ça avant mon concurrent », etc. C’est un peu compliqué d’écrire cela dans votre cahier des charges, mais il va vous falloir d’une manière ou d’une autre le transcrire…
  • En tant que prestataire, vous devez définir des métriques quantifiables et vous engager sur les moyens mis en œuvres pour les suivre.

Autre point fondamental, le triangle d’or des projets : Coût / Délais / Périmètre (il y a plusieurs termes pour ce dernier mais en gros cela inclus les fonctionnalités, le contenu et la qualité). Je préfère de loin son appellation anglophone, « the Iron Triangle », qui pose tout de suite le caractère contraignant du triangle ! C’est au prestataire de faire comprendre les implications de ce triangle au client car, très souvent, ce dernier ne saura pas estimer les différents éléments.

Les bonnes pratiques liées à la réalité augmentée

Pourquoi utiliser de la réalité augmentée ?

La RA est une technologie puissante et flexible qui peut créer des expériences étonnantes et mémorables pour vos utilisateurs. Cependant, elle n’est pas une solution magique qui va  résoudre n’importe quel problème ou améliorer n’importe quelle situation. Et même si elle est de plus en plus utilisée, elle reste perçue comme plus complexe qu’une simple « application ».

Par conséquent, il est important d’avoir une idée claire de la valeur ajoutée de la RA dans votre application. Qu’est-ce qu’elle apporte concrètement à l’utilisateur, par rapport à un site web, un texte, une vidéo, etc. Quelle est sa place dans l’expérience globale ? Est-elle remplaçable ? Optionnelle ? Une réponse claire à cette question devrait être qualifiée par des retours utilisateurs précoces.

Prenez en compte l’environnement réel et le contexte de l’utilisateur

L’une des caractéristiques clés de la RA est qu’elle mélange le virtuel et le réel, créant une réalité influencée par les deux. Par conséquent, il est important de prendre en compte l’environnement réel et le contexte de l’utilisateur lors de la conception des expériences AR. Faut-il suggérer ou imposer des lieux ou des contextes d’utilisation ? Quelles pourraient être l’influence des facteurs environnementaux sur l’expérience (comme l’éclairage, le bruit, la météo, etc.) ? Votre application doit-elle s’adapter ? 

N’oubliez pas le mouvement physique et la sécurité de l’utilisateur !

En lien avec la remarque précédente, il est possible que votre expérience demande de l’interaction, des mouvements, des déplacements. Cela va  créer un sentiment de présence et d’immersion pour les utilisateurs, mais cela peut aussi poser des défis et des risques pour la conception.

Comment éviter le mal des transports et la fatigue oculaire causés par des mouvements ou des perspectives incompatibles entre les mondes virtuel et réel ? Comment empêcher les utilisateurs de heurter des obstacles ou d’autres personnes tout en utilisant votre application ? Nous avons tous à l’esprit les accidents de la circulation dus à une immersion trop grande dans Pokemon Go !

Mais la sécurité concerne aussi les données des utilisateurs. Le simple fait d’utiliser la caméra ou les données de localisation pose des contraintes non négligeables. 

Fournissez des instructions et des interfaces claires

La RA est encore une technologie relativement nouvelle pour de nombreux utilisateurs, qui ne sont peut-être pas familiers avec son fonctionnement ou ce qu’elle peut faire. Vous devez donc penser à concevoir des interactions qui sont naturelles et intuitives pour les utilisateurs, des interfaces claires. Le défi peut être important, car cette interface et ses instructions vont peut-être occulter une partie du monde réel. Que ce soit à travers un smartphone ou des lunettes de réalité augmentée, le champ de vision reste petit, l’espace « utile » est donc une denrée précieuse.

Utilisez un design visuel cohérent

Peridot de Niantic

En RA par définition, on augmente le monde réel avec des données numériques. Pour l’utilisateur, il est donc nécessaire que cette augmentation soit cohérente pour que le mélange soit convaincant. Cela n’implique pas obligatoirement un rendu réaliste, voire photoréaliste. La dernière application Peridot de Niantic, par exemple, ne montre pas pas des animaux réalistes. Ils ont leurs graphismes propres. La cohérence par contre vient de leur déplacement sur le sol, le vrai, et non pas quelques centimètres au-dessus ou en dessous. Pour d’autres applications, comme la visualisation d’une œuvre d’art ou d’un élément de patrimoine, ce sera le réalisme qui est important. Comme malheureusement le matériel utilisé peut avoir des limitations (en puissance de calcul ou en débit) il sera peut-être nécessaire de faire des choix.

Utilisez un design sonore pour améliorer l’immersion

Beaucoup de progrès ont été faits ces dernières années pour simplifier l’utilisation de l’audio spatialisé mais on constate encore que ces possibilités sont peu utilisées. Pourtant, le son peut créer un sentiment accru de présence et de réalisme pour vos utilisateurs en leur fournissant des indices auditifs et des retours d’information pertinents. C’est également un excellent vecteur d’émotions.

L’utilisation du son implique évidement, comme indiqué précédemment, de tenir compte de environnement de l’utilisateur.

Testez votre application avec de vrais utilisateurs avant de la lancer

Il est crucial de soumettre votre application de RA à des tests d’utilisateurs réels dans des environnements authentiques. La réalité augmentée est une technologie complexe et dynamique, influencée par de nombreux facteurs qui impactent l’expérience utilisateur. Les tests en conditions réelles vous permettent d’identifier et de résoudre les éventuels problèmes. Cela vous permet également de mesurer rapidement la satisfaction et l’engagement de ces derniers.

Restez au courant des dernières tendances et innovations

Je le répète assez régulièrement, la réalité augmentée est une technologie en évolution rapide tant au niveau matériel que logiciel. Il est donc important de rester au courant des dernières tendances et innovations. Cela n’oblige pas à changer d’objectifs tous les mois, mais cela permet de découvrir de nouvelles possibilités, de nouveaux usages et de planifier de manière plus efficace les évolutions futures. Si vous êtes un utilisateur, vous y trouverez des possibilités d’élargir le périmètre de votre application. Si vous êtes un prestataire, vous donnerez à vos clients une meilleure vision des changements à prévoir dans un ou cinq ans. 

Vous l’avez compris, je ne crois pas à une méthode miracle pour concevoir une application de réalité augmentée, pas plus qu’à l’arrivée d’une « killer app » qui emporte tout sur son passage. Il existe cependant un certain nombre de bonnes pratiques qui, si elles ne vous garantissent pas obligatoirement le succès, vous éviteront au moins un échec prévisible 🙂

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