Un grand merci à Valérie de REAPSE Consulting pour le partage de cette étude dans le cadre de RA'pro
L’été est un moment propice pour s’intéresser aux études sur les usages de la réalité augmentée et celle publiée récemment par le ConsumerLab de l’entreprise Ericsson est intéressante sur plusieurs points même si, soyons franc, elle ne nous surprend pas beaucoup. Je vous propose donc de faire le tour que quelques éléments qui peuvent nous donner des idées sur les évolutions à court ou moyen terme du marché.
Notons tout d’abords que cette enquête est faite sur des personnes qui utilisent régulièrement des applications de RA. Les auteurs les qualifient de « early adopters » et notent qu’ils ne représentent pas la majorité du public. Cependant, ils sont bien placés pour juger leurs pratiques actuelles et exprimer des besoins qui représentent les usages futurs.
La première chose qui se détache de l’étude est la place indiscutable du smartphone dans les usages de la RA. Ce n’est pas nouveau, mais c’est tout de même surprenant, car les personnes insistent en même temps sur tous les inconvénients du smartphone et ne sont finalement 47% à trouver les expériences de RA satisfaisantes ! La majorité pense que l’usage de lunettes reliées au smartphone est la meilleure solution pour rendre les expériences plus intéressantes, tout en considérant que l’offre actuelle de matériel n’est pas satisfaisante. On voit bien dans ces chiffres toute la difficulté de faire évoluer les usages, même chez les personnes les plus ouvertes.
Cette insatisfaction latente sur le matériel n’empêche pas les utilisateurs de vouloir l’utiliser le plus largement possible et en particulier hors de la maison pour des usages variés : concert, tourisme, traduction, etc. Cet engagement est appuyé par une volonté de payer ce genre d’expériences, on est au-delà d’un simple souhait. Aujourd’hui les usages mobiles de la RA (liés au smartphone) sont nombreux, mais les utilisateurs, comme précédemment, expriment une vraie insatisfaction sur l’ergonomie de l’expérience dû aux « défauts » du smartphone.
Dernier point intéressant, les utilisateurs mettent l’accent sur l’importance de l’acceptation sociale des matériels de RA. il faut ne pas avoir l’air stupide en partant des lunettes en public (rappelez-vous les glasshole) et ne pas non plus embarrasser les personnes autours avec la capacité de prendre des photos et de vidéos à la volée. Dans l’étude, 61% déclarent ne vouloir porter des lunettes de RA que si elles sont « visuellement attrayantes ». On imagine sans peine que dans une population moins informée, ce chiffre serait considérablement plus haut.
Avec ces chiffres, le ConsumerLab imagine un développement en trois phases des usages de la RA pour le grand public. Les étapes sont illustrées sur le graphique ci-dessous :
Nous sommes actuellement dans la première phase où les usages passent en grande majorité par le smartphone et sont plutôt personnels. Les liens entre virtuel et réel se font principalement à l’aide de marqueurs (QRcode, image, visages, etc.) et restent sur des espaces de petites dimensions. L’étape suivante utilise une combinaison smartphone/lunettes pour donner plus de liberté, des expériences plus pilotées par de la géolocalisation et plus orientées vers de la productivité. Ensuite vient la dernière étape où le matériel de RA est autonome et où nous utilisons les expériences dans notre vie de tous les jours.
Quelles conclusions tirer de cette étude, en particulier pour les professionnels de la RA qui visent le grand public ?
- Sur la partie matérielle, il semble clair que le smartphone est encore dans les jeux pour des années. Toutefois, l’ergonomie des applications reste encore à améliorer pour augmenter l’utilisation et l’engagement.
- Les applications géolocalisées avec un service clair sont attendues même sans des lunettes adaptées pour mieux les vivre. Les personnes sont prêtes à payer pour ses expériences. Le développement d’applications spécifiques ou de modules payants dans les applications généralistes sont un moyen de satisfaire cette demande.
- L’étape « smartphone + lunettes périphériques » est en train d’apparaitre avec une disponibilité plus grande de modèles. C’est le moment d’imaginer comme faire évoluer les applications pour s’y adapter. Quelle ergonomie ? Quels usages pour les mains, le regard, le corps ? Faut-il miser dès le début sur la collaboration ? Faut-il intégrer obligatoire de l’AI ? Autant de questions qui ne trouveront de réponses qu’avec des tests.
- Comment prendre en compte la volonté contradictoire de filmer et de ne pas être filmé ? Quelles sont les bonnes pratiques à mettre en place ?
- L’arrivée de l’IA comme assistant doit-elle engendrer une nouvelle manière de considérer les données des utilisateurs ?
Bref, je ne vais pas lister ici toutes les questions que pose le développement de la RA tel que cette étude l’envisage, mais, comme vous pouvez le constater, les opportunités sont nombreuses !